L'aventure

Question de substances

Suivant la piste de l’apothicaire, je me suis intéressé aux substances ayant peut-être été contenues dans l’objet. Le rapport Oracle 1 bis d’IRIS Intuition donne des détails précis sur les propriétés de certaines d’entre elles, utilisées dans l’élaboration des préparations, ce qui m’a permis d’orienter mes recherches.

1) Voici les premières indications qui ont retenu mon attention :

– L’objet est perçu accueillant des substances.
– Le contenu de l’objet aurait un caractère précieux, rare, relativement important, et assez cher. Il pourrait comporter des choses rares qui viennent de loin, qui sont précieuses.
– Il serait de texture graisseuse (rappelant la graisse de moteur), un peu collant comme de la résine, ayant un aspect de bouillie, humide, pâteux, boueux, tourbeux, herbeux.
– Un aspect mélangé est perçu. Ce mélange contiendrait des éléments naturels végétaux – herbes, feuilles, etc. – et minéraux – poudre minérale.
– Les matériaux seraient assez purs, assez raffinés.
– Des gens sont perçus la prenant avec une spatule, un pinceau, les doigts. Ça se prend délicatement avec une spatule, ça s’applique, ça se tartine ; lorsqu’on en a sur les doigts, on a beaucoup de mal à s’en débarrasser.
– Sous forme de pâte, la substance aurait des vertus particulières, cosmétiques, médicinales, médicales.
– Elle permettrait de conserver, de protéger, d’embellir. De nombreux usages différents seraient possibles.
– Un usage médical est perçu. Ce serait un onguent dans lequel on trempe le doigt. Il serait possible de le goûter pour le tester, il serait comestible sans être fait pour être mangé.
– Un usage technique est perçu. Le mélange semble appliqué tel une espèce d’enduit, comme sur les bateaux pour étanchéifier les planches, évoquant le goudron. Il servirait de matériau de construction. Il formerait une coque de protection.
– Un usage esthétique est perçu. Le mélange servirait à faire beau, comme un enduit de plâtre qui lisse une surface. On pourrait l’utiliser sur soi aussi, y compris par-dessus ses vêtements.
– Un usage mortuaire est perçu : Le mélange pourrait se mettre sur des corps morts, servant de résine spéciale.

Ces précisions fournies par les intuitifs m’ont mis sur la piste de plusieurs substances qui correspondent à ces descriptions :

La première est l’oliban, autrefois connu sous le nom « Encens ». Le terme est directement issu du latin « incensum », qui signifie « ce qui est brûlé ».

Question de substances - Oliban

Depuis l’Antiquité, l’oliban est une résine qui fait l’objet d’un commerce élargi. Le commerce s’organisait en flux entre les Indes orientales et l’Europe. Les Arabes étaient des intermédiaires, allant chercher les produits de luxe en Orient pour les revendre au Moyen-Orient et surtout à travers l’ensemble du bassin méditerranéen. Ces routes commerciales se regroupaient sous le nom de « Route de l’Encens ». C’est dire à quel point l’oliban est important dans ce commerce.

Question de substances - 2 - Projet Oracle

En effet, la rareté de cette résine (pour l’époque) faisait de l’oliban un produit précieux. Il était recherché par tous les grands du monde. Pharaons, rois, empereurs et autres princes, tous étaient intéressés par l’oliban. C’est sa rareté et sa symbolique qui faisait de lui une substance d’importance. A tel point que l’oliban valait plus cher que l’or ! L’odeur enveloppante et puissante de cette mère des résines était particulièrement appréciée des religieux qui le brûlaient sur les autels.

L’oliban fait partie des nombreux végétaux utilisés lors de l’embaumement des morts chez les égyptiens. Il intervient ici comme fixateur des bandelettes, aux côtés d’autres résines et cires mais aussi comme agent antiputride.

L’oliban est utilisé pour son arôme, chez les parfumeurs.

La résine d’oliban est également réputée pour ses vertus thérapeutiques : anti-inflammatoire, cicatrisant, antifongique, antibactérien, expectorant.

La description des intuitifs évoque également le khôl, poudre grise à noire sublimant les regards, secret de beauté orientale vieux de 5000 ans, ancêtre de nos crayons noirs dont il est souvent la base. A l’origine utilisé pour protéger les yeux des femmes et des hommes contre le vent et le sable, cette petite poudre pailletée est vite devenue un accessoire de beauté, chaque région et chaque femme ayant sa propre recette et ses propres secrets.

Question de substances - 3 - Projet Oracle

Quels que soient les ingrédients, il faut les piler le plus finement possible, les placer ensuite dans un petit flacon et les appliquer directement dans l’œil à l’aide d’une tige (de bois, de verre, d’ivoire…) légèrement humidifiée.

Ce khôl marocain est naturel et produit à partir d’une pierre noire, le sulfure d’antimoine, un minéral extrait des roches montagneuses de l’Atlas, qui est fortement chauffée. Une fois celle-ci broyée, on y ajoute des plantes. On y retrouve généralement des noyaux d’olives et de dattes, des clous de girofle, du gingembre, du poivre blanc,… le tout réduit en poudre très fine, dans un pilon en cuivre. Quelques gouttes d’huile d’olive sont ajoutées en fin de préparation avant le tamisage.

Le Khôl est connu partout dans le monde en tant que cosmétique. Ce que l’on sait moins c’est que ce produit a longtemps été prisé pour ses vertus médicinales. Les Égyptiens ont été les premiers à l’utiliser car il leur permettait de se protéger contre les infections oculaires, de soigner les irritations et les rougeurs de l’œil et de le protéger du vent sablonneux. Au fils du temps l’utilisation du khôl s’est largement répandue chez les civilisations arabes puis berbères, grecques et romaines avec une recette variant d’une région mais aussi d’une époque à l’autre. La recette originale consistait à mélanger en proportions égales du sulfate de cuivre, de l’alun calciné, du Zenjar et quelques clous de girofle, puis de réduire les différents ingrédients dans un mortier.

Au Moyen Âge, bien que l’église n’approuve pas le maquillage, les femmes apprécient le khôl entre autres fards.

2) Le rapport contient d’autres descriptions singulières :

Des éléments précieux pourraient être cachés dans l’objet, mélangés à autre chose. Différents éléments ont pu être mis dans l’objet pour les cacher, comme s’il avait pour vertu ou pour but indirect de dissimuler des choses qui sont petites. Un mélange est perçu (des pépites d’or dissimulées dans du sable sont évoquées). De l’or, de l’argent, des matériaux rares, précieux sont ressentis (évoquant l’orfèvrerie, la bijouterie). Personne ne semble savoir qu’il y a de tels éléments dedans.

Cette évocation m’a amené à m’intéresser à la thériaque (appelée θηριακή par les Grecs), un célèbre contrepoison rapporté à Rome par Pompée, puis complété par Andromaque, médecin de Néron.

S’inspirant du contrepoison de Mithridate VI, le médecin Andromaque dressa la recette en vers élégiaques d’un mélange de plus de cinquante drogues, plantes et autres ingrédients.

Préparée par les apothicaires, la composition de la thériaque a beaucoup varié. Les préparations faites à Venise et Montpellier étaient très réputées.

Du fait de nombreuses fraudes durant sa fabrication, les apothicaires parisiens décidèrent au XVIIe siècle de la préparer en public devant des médecins et des représentants des autorités. C’est Moyse Charas qui le premier, en 1667, rendit sa formule publique. Il la préparait au cours de la semaine de la thériaque, vers le mois de février. Sa préparation nécessitait plus d’un an et demi (car elle devait fermenter) et faisait appel à plus de soixante-quatre ingrédients végétaux, minéraux et animaux des plus variés, sans compter le vin et le miel.

On fabrique pour les riches des thériaques contenant de la poudre de pierre précieuse, émeraude, saphir, perles fines, ivoire etc.

Question de substances - Les abus de la thériaque et de la confection d'hyacinthe

« Les abus de la thériaque et de la confection d’hyacinthe, observez par Maître Pierre Barra ».

3) Sur la manière de mélanger ces substances, une description m’a interpelé et m’a mené à une nouvelle interrogation :

Des essais seraient faits pour parvenir au résultat, qui serait plus ou moins intéressant. Ça ne marcherait pas à tous les coups. Parfois ce qui se passait à l’intérieur de l’objet (refermé) pouvait provoquer une explosion, en raison d’un problème de volume : une réaction chimique se passe à l’intérieur, ça chauffe, ça explose accidentellement, ce n’est pas le but recherché.

D’après le document intitulé Remèdes secrets – secret d’apothicaire, par les professeurs J-P. Reynier et A. Durand, les apothicaires fabriquaient de l’eau de cologne ou parfum contenant 4 à 6 % d’un mélange d’essence dilué dans de l’alcool. Ce qui, au sein d’un laboratoire, pouvait être certainement instable et dangereux…

Voilà comment le travail des intuitifs stimule mon appétit de recherche, m’amenant à explorer des pistes qui n’étaient pas de prime abord.

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