L’Archéologie intuitive

Définition

L’archéologie intuitive est un outil au service de l’archéologie. S’appuyant sur la mise en œuvre des capacités intuitives, cet outil a pour fonction de fournir des informations à l’archéologue, soit en l’aidant à localiser un site archéologique, soit en le renseignant sur l’objet de sa recherche (une statuette ou un monument, par exemple). A ce titre, l’archéologie intuitive contribue à confirmer ou à infirmer les hypothèses en cours, et surtout à générer de nouvelles hypothèses de travail. Elle peut être comparée à tout autre outil employé par l’archéologie, comme par exemple l’outil de prospection qu’est le sonar ou l’outil de datation qu’est la datation par Carbone 14.

Méthode

Une recherche en archéologie intuitive implique plusieurs étapes

  • La sélection de l’objet d’étude (généralement un artefact retrouvé en fouilles, une zone à explorer, etc.). Il s’agit d’une étape importante, la clarté dans la définition de la problématique cible influençant quantitativement et qualitativement la production des informations intuitives. C’est l’équipe archéologique qui définit l’objet d’étude, le responsable de l’équipe intuitive apportant le cadre de questionnement adéquat à la discipline qui est la sienne.
  • Des séances intuitives de recueil d’informations (appelées sessions intuitives), impliquant un intuitif et, bien souvent, un moniteur qui le soutien et le questionne. Plusieurs intuitifs peuvent travailler sur un même projet, comme c’est le cas pour Oracle ; les entretiens ont alors lieu individuellement. Les intuitifs travaillent en aveugle, c’est-à-dire avec une connaissance tout à fait minimale de leur objet de recherche, voire sans ne rien en savoir (ainsi, pour le projet Oracle, la seule information connue de l’équipe intuitive est qu’il s’agit d’archéologie).
  • Le traitement de l’information intuitive. Il consiste à retranscrire les entretiens en mettant en exergue les informations recueillies. Ces longs descriptifs contiennent des centaines d’informations qui sont ensuite classées et recoupées (iRiS Intuition a mis au point un logiciel facilitant cette tache). Cette étape d’analyse est la plus longue, et de loin, de la partie intuitive d’un projet.
  • Les informations intuitives sont ensuite confrontées aux données archéologiques et historiques disponibles. Des recherches peuvent être menées pour documenter des pistes suggérées par les intuitifs (comme nous le faisons pour le Projet Oracle). Il peut s’agir d’opérations de fouilles sur des sites identifiés par les intuitifs, ou d’un travail de recherche documentaire permettant de valider des contextes d’utilisation et des usages décrits par les intuitifs.
    Cette réflexion archéologique, dernière phase d’une recherche, aboutit à l’exploitation des données, c’est-à-dire à l’élaboration d’hypothèses. Si les informations obtenues lors des séances suivent des hypothèses préexistantes, déjà émises et défendues par les archéologues, ces hypothèses se trouvent renforcées. Si ces informations sont nouvelles, elles vont donner lieu à la génération de nouvelles hypothèses ; hypothèses qu’il faudra étudier plus avant pour validation ou invalidation.
Projet Alexandrie - Archéologie intuitive

Quelques dates

  • Le premier travail recensé d’archéologie intuitive, quand bien même ce mot n’était pas utilisé à l’époque, remonte au début du XXe siècle avec les fouilles menées par Frederick Bligh Bond à Glastonbury, Angleterre. Grâce à l’apport de l’intuition, Bligh Bond put diriger des fouilles permettant de restituer l’abbaye de Glastonbury dans son plan initial.
  • Entre 1936-1941, furent réalisés les travaux du professeur Stanislaw Poniatowski avec Stefan Ossowiecki, travaux effectués à Varsovie et portant en bonne partie sur la préhistoire européenne.
  • A partir de 1961, en Écosse, le général James Scott Elliot mena des recherches portant sur la localisation de sites archéologiques.
  • En U.R.S.S., à partir de 1970, le premier travail d’archéologie intuitive commandité par un pouvoir politique a vu le jour avec les travaux de l’équipe dirigée par Aleksandr Ivanovitch Pluzhnikov. Il s’agissait de chercher et de décrire intuitivement les contours d’objets architecturaux et historiques souterrains dont aucune trace n’apparaît à la surface du sol.
  • Vers la même époque, au Canada, le professeur J. Norman Emerson, créateur dans ce pays de la chaire d’archéologie, et l’intuitif George McMullen ont officialisé la recherche psychique au sein de l’archéologie canadienne.
  • Dans les années 70-80, l’Américain Stephan A. Schwartz mena de grands projets d’archéologie intuitive, à la recherche du tombeau d’Alexandre le Grand, du Palais de Cléopâtre, ou encore de bateaux au fond du lac Erié aux USA.
  • A partir de 2007, une équipe composée d’intuitifs, archéologues et gestionnaires de projets se constitue pour mener des projets d’archéologie intuitive en France, à Paris. Cette équipe sera le noyau de ce qui est aujourd’hui IRIS Intuition. A ce jour, plusieurs projets ont été menés, avec notamment le Muséum National d’Histoire Naturelle.
Stephan A. Schwartz - Archéologie intuitive

Crédit photos : (c) S.A. Schwartz